la faille....1 ere partie

Eliott et son canapé chéri


Depuis un bon moment déjà, Facebook nous rappelle chaque jour des événements et publications
des années précédentes, ce qui nous permets pour la plupart de nous remémorer des faits plutôt
sympas mais parfois il nous renvoie aussi à des réalités oubliées, des dates que notre 
cerveau a volontairement mis en sommeil.

Pour moi, ce fut ce 29 février 2016, mais logique que Facebook ne me l’ai pas balancé les années
passées depuis 2012, et pour cause d’année bissextile, cette année, j’ai su , revu, revécu
et me suis rappelé avec violence cette date fatidique dans ma vie de maman...

Depuis quelques jours, je tourne en rond autour de mon clavier ,écrire ou taire cet épisode douloureux...S’épancher est souvent un exutoire pour moi mais le retour de certaines personnes 
mal-intentionnées ne sera t-il pas trop agressif pour moi...Le net et ses déviants m’inquiètent toujours 
un peu , on ne blogue pas sans connaître les dangers du net...

Et si cet article peut aider d’autres mamans ou femmes dans le même cas alors écrire aura été utile 
pour moi et pour elles...


C’est un sujet encore tabou, comment ne pas taire ce que la société condamne , on ne voit partout que 
des blogs sur des mamans parfaites ,des articles sur le merveilleux fait d’être une maman...
La joie incommensurable d’avoir des enfants etc etc ...
Heureusement on voit aussi de plus en plus de mères qui se disent indignes et qui l’assument,
et pour moi ce sont ces dernières les vraies mamans , celles qui savent que d’avoir des enfants
c’est perdre une partie de son identité , de ses libertés et de son intégrité en tant que femme
et que tout devient beaucoup plus compliqué....


Je ne sais toujours pas aujourd’hui malgré trois enfants si j’étais vraiment faite pour être mère,
attention, ça ne remets pas en cause l’amour que j’ai pour mes enfants , je les ai eus ,
je les élève, je suis présente pour eux , je donnerais ma vie pour eux mais viscéralement au plus
profond de mon être j’aurais toujours des doutes...


Bref, en 2011, suite à un événement tragique que j’appellerais la cicatrice indélébile ,le point 
de non-retour de ce que j’appelle aujourd’hui ma faille....je suis descendue au plus profond 
de ce qu'un être dépressif peut atteindre, pas la mort, non, je suis toujours là mais
la submersion de son être profond ....je vous raconterais cette descente lente et lourde mais partons 
du déclenchement...

Nous avions un superbe golden-retriever , un chien absolument magnifique , celui-ci avait
2 ans à peine, il était tout pour moi ( je ne sais pourquoi?) la pièce manquante à la vie idéale 
que nous menions, 3 enfants encore en bas-âge, l’aîné avait alors 9 ans , le second 8 ans
et le petit dernier à peine 5 ans....3 petits garçons hyper actifs , plein de vie, hyper épuisants aussi ...
Une magnifique famille , un couple uni, une très belle situation professionnelle pour mon mari,
trois magnifiques garçons , une magnifique maison,une belle vie en apparence
(dans laquelle , je m’enfonçais sans le savoir)....je faisais tout pour rattraper des erreurs de jeunesse,
je me rattrapais en étant une mère dite parfaite, une maman qui jouait avec ses enfants qui leur
apprenaient plein de choses , j’étais un electron vivant pour eux, une maman poule , attentive
au moindre détail ....Une véritable maman , allaitante , maternante , ne faisant de ma
vie que le centre de leurs vies à eux ....(ils ont hélas oubliés tout ça depuis)

En 2008, nous étions partis nous installer au fin fond de la Sibérie pour moi
(dans l’ain ), j’avais passé ma jeunesse sur Toulouse ,les 8 dernières années sur Nîmes au soleil toute l’année, le sud toujours le sud pour moi et là loin de tous nos amis ,
de toute notre famille, dans un département où pour moi il faisait super froid, je me sentais juste
invisible....présente mais invisible...la descente fut sournoise, j’avais traversé des épreuves ,
je m’en étais relevée sans jamais sombrer ,mais c’était plus profond et je ne le soupçonnais
pas encore...

J’avais eu deux précédents chiens que j’adorais , un shih-tzu décédé à 9 ans et demi devoré par les rotweillers du voisin , (les fins sont toujours atroces , je vous préviens),enceinte de 8 mois et demi,
nous avons démenagé en urgence et dans l’horreur ....la naissance de mon deuxième bébé
me fit oublier de suite ce premier départ animal tragique, le second de mes chiens décédé 
dans l’ain à 3 ans et demi d’une crise cardiaque , son cœur s’était emballé lors d’une balade familiale ,
une simple balade et ce cœur ne s’est plus jamais calmé que pour s’éteindre définitivement....

Deux gros chocs déjà pour moi...les animaux me sont vitaux , les chiens surtout, les chats aussi
mais j’ai gardé mon chat durant 19 ans et demi, ma vanille et son départ à elle, fut plus ou moins juste , de vieillesse donc la vie en fait, pas vraiment une fatalité.

Etant au fin fond une grande solitaire (oui peu le savent) un chien était pour moi depuis toujours
l’affect présent et fidèle , mieux que n’importe quel homme ou femme qui finissaient toujours par
me décevoir, mes chiens ont toujours su décelés mes fêlures et se coucher près de moi 
quand ils sentaient le mal me ronger...Dans l’ain, j’ai commencé à prendre de nouveau des
anti-dépresseurs , sans psy , juste un généraliste trouvé las-bas au hasard de notre adresse,
c’était du surmenage de maman , point final et facile...on ne me demandait pas
(jamais les phases où je pouvais aller bien!!) 
la dépression est le mal du siècle en prime du cancer, peu en font cas même en 2016.

J’étais souvent malheureuse, dépressive mais je devais comme depuis toujours cacher
mes sentiments , j’avais déjà eu des phases délicates ,par chagrin d’amour ou autres,
je me savais fragile malgré les autres et ce que je pouvais montrer... 
Une très belle carapace construite au fil du temps , des choses et des chocs de la vie.


Bref au décès de ce second chien au fin fond de l’ain , ma famille était là, mon petit frère de 6 ans
mon cadet a su , senti qu’il ne pouvait pas repartir et me laissait sans chien, tout le monde me disait
d’attendre de faire mon deuil etc...j’avais attendu 18 mois pour en avoir un nouveau après le premier
mais là , le surlendemain, Eliott débarquait dans nos vies....


Un superbe chiot golden , race dont je rêvais depuis que j’étais enfant, un gros chien certes
mais réputé infaillible à une famille....ses apprentissages furent compliqués, je dus même lui
faire suivre des cours de dressage tellement il était un peu fou fou, il n’écoutait que moi, adorait les
enfants , ne les quittaient que pour être avec moi...Il a grandi avec eux, les protégeait de tout
et de tous, un chien adorable , un superbe chien absolument splendide,je l’adorais,
il était le maillon final à l’image parfaite de la petite maison dans la prairie 
comme j’appelais ma vie...ou comme les autres la voyaient.

Nous étions partis de l’ain, revenus dans la région toulousaine, après moult péripéties,
une belle maison du soleil de nouveau , le retour de la pression familiale aussi ....une mère à
tendance un peu toxique (étouffante et écrasante ) me disant toujours ce que je faisais mal
jamais l’inverse mais c’est un autre sujet...et je suis depuis toujours une mauvaise mère à ses yeux .

Un mari pour qui la dépression ou la fragilité mentale n’existait et n’existe toujours pas même
depuis tout ça...alors le reste , n’en parlons pas, j’avais tout pour aller bien ....


Avril 2011, nous rentrions d’un long week-end à la mer sur Narbonne, en famille chez ma marraine
vivant là-bas à l’année , un chouette week-end, Eliott était du voyage, il venait d’avoir 2 ans ,
il écoutait à présent au doigt et à l’oeil mais juste à ma voix et au collier électrique que j’avais
du acheter pour la nouvelle maison, mal clôturée et l’école des enfants était à 50 mètres !!
(le collier ne fut utilisé qu'une ou deux fois, l'intelligence du chien était excellente, 
la sonnette sur le collier suffisait, pas besoin de la décharge électrique....)


Avant le collier , Eliott passait sa vie à l’école, c’était une canaille pour
qui ses petits maîtres s’ennuyaient sans lui ou l’inverse, il réussissait à se faufiler par 
le portail etc et finissait par courir avec tous les enfants autour de lui ,
les garçons adoraient l’animation que créait leur chien en venant jouer avec eux
et leurs copains , c’était la classe ...et puis Eliott , c’était un amour de golden léchant à tout va,
dès qu’il avait des câlins...jouant avec tous les enfants puisque ce chien était encore un énorme
bébé lui-même....il dormait sur un gros fauteuil super confortable devant la porte 
de notre chambre et au pied des escaliers des enfants , le matin il hurlait comme un loup
tellement heureux de me voir, il était même à mourir de rire avec ses cris stridents le matin...hhhhouououuououououoououououououuouuuu, fais moi un câlin ou je ne réponds 
plus de rien, en me sautant dessus comme un dératé et cet accueil ne m’était réservé qu’à moi...
ensuite il se calmait tranquillement !!!
c'était notre rituel à tous les deux...
Ce chien était une partie de la joie de vivre qui m’était nécessaire , il ne demandait rien en échange,
juste des caresses, à manger et à boire...plus simple qu’un enfant , finalement.
Nous repartions dans la foulée le lendemain à soustons pour un séjour en famille, une belle semaine à l’océan pour les vacances de pâques....nous partions avec ma mère et les enfants , mon mari devait nous rejoindre pour le week-end suivant...
Eliot devait rester tranquille à la maison avec mon mari ....
Je m'agitais avec toutes les machines à faire, défaire refaire les valises pour 3 enfants,
pour une semaine à l'océan où on ne peut jamais vraiment prévoir le temps, j'étais débordée,
le déjeuner de midi fut sur le pouce, je me rappelle du chien sous la table pour ramasser les miettes, un super aspirateur cet Eliott...


Puis l'après-midi qui passe , les enfants que j'entends jouer dehors, dedans partout comme toujours
j'étais dans le dressing en train de préparer mes affaires( les miennes enfin )....
On partait le lendemain matin, on devait prendre ma mère en passant sur Toulouse....


Et là, le cri de mon aîné retentit encore dans mon esprit comme un coup au cœur sans précédent
"mamannnnnn, eliott est mort ,maman , viens vite, eliott est mort"...
je cours , je ne comprends pas ce qui se passe ....mes enfants sont affolés, mon chien est étendu dans la voiture, couché paisiblement au bas des sièges de mes enfants , de leurs places dans la voiture, un grand scénic, il est allongé tranquillement , il dort , il dort, ce n'est pas possible,
rien ne peut en être autrement, mais de suite , je comprends...
les enfants comprennent aussi  ce que je leur hurle, vous avez enfermé Eliott dans la voiture il est mort étouffé sans air.....j'ai essayé de le réanimer par tous les moyens mais il est trop tard, tout est fini, 
Je sais que c'est fini, j'ai suivi des cours de secourisme..je m'acharne même en faisant du bouche à truffe , mais plus rien ne bougea....jamais....

Il faisait bon pas chaud au mois d'avril, mais suffisamment pour que sans fenêtres ouvertes, un chien de plus de 40 kgs s'endorme et meurt au bout de 3 heures....


Aucunes traces de lutte, il a juste attendu ayant une confiance aveugle en nous, en ces enfants qu'il adorait...il était heureux d'être monté jouer dans la voiture avec eux, mais eux ils ont oubliés que ce n'était pas un simple jouet mais un être vivant.

Eliott est bel et bien mort...Son innocence envolée à jamais par l'innocence de mes enfants, parce que je sais aujourd'hui que malgré ma haine ce jour-là, ils étaient aussi innocents , que c'est le destin qui a décidait de ce départ, de cet enfer dans lequel j'allais plonger à partir de ce moment précis...



je sais que mes mots envers mes enfants sont d'une violence inouïe mais comme ma peine et mon choc à ce moment-là, ma culpabilité aussi...je n'ai pas surveillé où était le chien durant 
ces trois heures de temps mais je savais ou étaient les enfants , je les avais croisés plusieurs fois ils rentraient , sortaient ,le chien qui n'était pas avec eux , rien ne m'a inquiétée ou interpellée
durant ce laps de temps, j'étais très occupée trop occupée par tout le reste ...

Une partie de moi a toujours de la colère contre mes enfants, je n'y peux rien , c'est incontrôlable, je sais aujourd'hui, en larmes comme si j'y étais encore que je ne me remettrais jamais du départ 
de ce chien pas comme ça, pas si bêtement....Ce fut violent, d'une douleur qui brise un cœur, une partie du moins.


Mes enfants étaient petits insouciants mais ils auraient pu tuer leur petit frère de la même manière...j'ai aussi eu très peur avec le recul de l'accident qui aurait pu les toucher eux.

On entends ce genre de catastrophe tous les étés avec des bébés oubliés et des papas débordés...ou des mamans surstressées....


Ce ne fut que mon chien pour tout le monde...seuls les gens aimants profondément leurs compagnons à quatre pattes comprendront ce choc.....
Seul des spécialistes de la mécanique du cerveau peuvent comprendre la suite, le choc , le déclenchement d'une maladie latente qui attendait bien planquée dans un coin ce genre d'événements.


Ce ne fut pour moi que le départ d'une longue descente aux enfers que je poursuivrais un autre jour...
il vient de m'être extrêmement difficile de coucher ce récit ici...c'est la première fois que je l'exprime depuis 2011...que j'en exprime des nuances d'ailleurs .


La suite n'en sera que plus pénible et culpabilisante....mais je l'espère libératoire




A suivre....




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